à Jérusalem le 23 juin 2008.
Mes chers amis, Je crois que vous avez sur la table un discours qui n’a pas besoin d’être traduit, qui est le discours officiel, mais moi, je vais vous demander l’autorisation de parler en complément de ce discours officiel.
Les diplomates avaient écrit mon discours officiel. Ils avaient donc dit que puisqu’on était entre amis, je pouvais dire ce que je pensais. J’avais le droit de dire ce qu’ils pensaient eux. Ce n’est pas forcément le contraire, mais ce n’est pas tout à fait la même chose. Quelques mots simplement, pour dire à Shimon mon admiration et mon amitié. Cela fait longtemps que, comme beaucoup de Français, j’aime Shimon Pérès. J’aime beaucoup cette histoire : quand tu es arrivé de Pologne, à l’âge de 11 ans, ici, et que tu as vu la lumière d’Israël, tu as dit une chose qui m’a toujours bouleversé. Tu as dit : j’ai vu le soleil pour la première fois.
Lorsque, avec Carla, nous étions dans notre chambre, cet après-midi, je regardais Jérusalem et j’ai bien compris ce que voulait dire : j’ai vu le soleil pour la première fois.J’ai compris, Monsieur le Président, que vous ne critiquiez pas la Pologne mais qu’ici, ce n’était pas la même lumière qu’ailleurs. Quand je vois le regard, le regard qu’a ce très jeune homme qu’est le Président d’Israël, je pense à l’injonction de Moise lorsqu’il dit : choisis la vie, choisis la vie pour que tu vives et que ta prospérité puisse vivre. La vie, elle est dans les yeux de Shimon
Pérès. Eh bien, je suis fier d’être assis auprès du prix Nobel de la paix.Et je veux dire au vice-Premier Ministre, je veux dire au Ministre des Affaires étrangères, je veux dire aux chefs de l’opposition que, toujours, j’ai admiré le courage des femmes et des hommes politiques d’Israël. Il y a la gauche, il y a la droite, il y a les faucons, il y a les colombes, parfois, les faucons deviennent des colombes, mais toujours, ici, il y a eu le combat pour la démocratie. Même si parfois vous vous fâchez entre vous, même si parfois la démocratie israélienne et ses subtilités déconcertent vos plus fidèles amis. Vous êtes une grande démocratie et dans cette région du monde, une grande démocratie, on la respecte.
Mes chers amis, il faut que je vous fasse un aveu : tout ce que j’ai dit à la Knesset ce matin, je le pensais.
Je comprends bien, en venant ici, que vous avez le sentiment que vous ne pouvez compter que sur vous et, peut-être même, que si j’étais Israélien,
j’aurais le même sentiment.Votre histoire a laissé des blessures, vous avez ressenti des trahisons et finalement les seuls sur lesquels vous avez toujours pu compter sont les Israéliens.
Mes chers amis, aujourd’hui nous sommes au XXIème siècle. Le XXème siècle a été le siècle de la création d’Israël, la lutte de chaque instant pour sa survie, le combat de chaque seconde pour sa sécurité. Mes chers amis, nous sommes au XXIème siècle, ce doit être le siècle de la paix pour Israël, le siècle de la paix pour tous les habitants de la région.
Je voudrais terminer par là. Je vois bien ce qu’il y a d’incongru de venir profiter de ces soirées israéliennes merveilleuses, de dire sa vérité, puis de repartir.
Bon, il faut dire que je suis l’élu des Français. Ce n’est pas facile en Israël, ce n’est pas facile en France et je comprends bien que les bombes, ce n’est pas moi qui les vivrai, que nos enfants, Carla, quand ils vont à l’école, ils n’ont pas peur.
Et quand il y a des jeunes voyous qui s’en prennent à un jeune Juif de France, pour choquant et inadmissible que cela soit, ce n’est pas un événement quotidien alors que, pour vous, le terrorisme, les bombes, les roquettes, ce
sont des événements quotidiens. Et pourtant, chers amis d’Israël, vous êtes forts, vous êtes plus forts que vous ne le croyiez. Vous avez des amis, plus nombreux que vous ne le pensez. Et quand on est fort, on doit tendre la main.C’est toujours le plus fort qui tend la main le premier et c’est le plus faible qui refuse la main tendue.
Et, aujourd’hui, je me permets de dire, du fond de mon coeur, à cet Etat d’Israël que j’ai toujours soutenu, et que je soutiendrai toujours : c’est maintenant qu’il faut tendre la main et que cette main tendue sera moins
douloureuse que la guerre qui continue.Et croyez bien que, dans les bons comme dans les mauvais jours, la France qui m’a fait confiance sera à vos côtés.
Vive Israël, vive la France. vive l’amitié entre le peuple d’Israël et le peuple français.
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